TEMPS DE PANDÉMIE… MOMENTS DE SOLIDARITÉ !

Groupe Héritage et Spiritualité
Sœur Rosinha Pereira, RSCM

 

Les statistiques prouvent quelque chose qui est déjà évident : plus les conditions de vie sont précaires, plus l’ÊTRE HUMAIN devient vulnérable face à une agression environnementale, à une pandémie.

 

I-Dans son audience publique du 28 Août 2020, comme chaque mercredi, le Pape François s’est adressé à tous ceux et celles qui subissent l’attaque de Covid 19.

Le Pape est allé droit au but: “Ce virus est la conséquence d’une économie malade qui entraîne l’exploitation des personnes et la dévastation de la nature, ce sur quoi j’insiste, contrairement à la majorité des analystes des médias sociaux parlant de l’origine de Covid-19. Ils considèrent le virus en lui-même, comme quelque chose d’isolé qui doit être éradiqué, sans analyser le contexte dans lequel il s’est développé et ce qui a causé son émergence : un système de production qui cherche à dominer et posséder la nature, une croissance économique inique qui crée de la richesse en créant une injustice écologique et une injustice sociale planétaire. Il s’agit d’un système anti-vie. Soit nous y mettons fin, soit il mettra fin à la vie sur terre, y compris celle de l’espèce humaine, comme nous en avertissent plusieurs spécialistes dans le monde, notamment des biologistes et des écologistes. »

Le théologien et environnementaliste Leonardo Boff suggère : “Nous pouvons produire, non pour accumuler des richesses, mais pour en avoir suffisamment et pour tous, en harmonie avec les cycles de la nature et un sens de la solidarité entre les générations présentes et futures”. Pour lui, “ce qui tue, ce n’est pas le Coronavirus, mais la faible immunité d’une grande partie de notre population” !

Dans son discours, le pape François poursuit :

« La pandémie a souligné et aggravé les problèmes sociaux, en particulier l’inégalité. Certains peuvent travailler à la maison, tandis que pour de nombreux autres, cela est impossible. Certains enfants, en dépit des difficultés, peuvent continuer à recevoir une éducation scolaire, tandis que pour de très nombreux autres, celle-ci s’est brusquement interrompue. Certains pays puissants peuvent émettre de la monnaie pour affronter l’urgence, tandis que pour d’autres, cela signifierait hypothéquer leur avenir.

Ces symptômes d’inégalité révèlent une maladie sociale ; c’est un virus qui vient d’une économie malade. Nous devons le dire simplement : l’économie est malade. Elle est tombée malade. C’est le fruit d’une croissance économique inique – voilà la maladie : le fruit d’une croissance économique inique – qui ne tient pas compte des valeurs humaines fondamentales. Dans le monde d’aujourd’hui, quelques  personnes très riches possèdent plus que tout le reste de l’humanité. Je répète cela parce que cela nous fera réfléchir : quelques personnes très riches, un petit groupe, possèdent plus que tout le reste de l’humanité. C’est une pure statistique. C’est une injustice qui crie au ciel ! Dans le même temps, ce modèle économique est indifférent aux dommages infligés à la maison commune. On ne prend pas soin de la maison commune. Nous allons bientôt dépasser un grand nombre des limites de notre merveilleuse planète, avec des conséquences graves et irréversibles : de la perte de la biodiversité et du changement climatique à l’élévation du niveau des mers et à la destruction des forêts tropicales. L’inégalité sociale et la dégradation de l’environnement vont de pair et ont la même racine (cf. Enc. Laudato si’, n. 101) : celle du péché de vouloir posséder, de vouloir dominer ses frères et sœurs, de vouloir posséder et dominer la nature et Dieu même. Mais cela n’est pas le dessein de la création.

« Au commencement, Dieu a confié la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2402) »

II- NOTRE HISTOIRE  RSCM nous montre que ce défi n’est pas réservé à notre époque. Nous en avons des traces dans les livres qui relatent nos origines, plus précisément dans la France des XVIIIe et XIXe siècles, dans l’environnement dans lequel vivaient nos Fondateurs, leurs familles et nos premières Communautés et Œuvres RSCM.

Les mots du Pape François, sont une introduction parfaite et inspirante pour mieux comprendre la situation vécue par le Père Gailhac et “l’élan” de nos premières Communautés RSCM :

« Quand l’obsession de posséder et de dominer exclut des millions de personnes des biens primaires ; quand l’inégalité économique et technologique est telle qu’elle déchire le tissu social ; et quand la dépendance vis-à-vis d’un progrès matériel illimité menace la maison commune, alors nous ne pouvons pas rester impassibles. Non, cela est désolant. Nous ne pouvons pas rester impassibles.

Avec le regard fixé sur Jésus (cf. He 12, 2) et la certitude que son amour œuvre à travers la communauté de ses disciples, nous devons agir tous ensemble, dans l’espérance de donner naissance à quelque chose de différent et de meilleur. L’espérance chrétienne, enracinée en Dieu, est notre ancre. Elle soutient la volonté de partager, en renforçant notre mission en tant que disciples du Christ, qui a tout partagé avec nous. Et cela, les premières communautés chrétiennes, qui comme nous, vécurent des temps difficiles, l’ont compris. Conscientes de former un seul cœur et une seule âme, elles mettaient tous leurs biens en commun, en témoignant de la grâce abondante du Christ sur elles (cf. Ac 4, 32-35).

Nous vivons actuellement une crise. La pandémie nous a tous plongés dans une crise. Mais rappelez-vous : on ne peut pas sortir pareils d’une crise, ou bien l’on sort meilleurs, ou bien l’on sort pires. C’est l’option qui se présente à nous. »

 

1. UN CHEMINEMENT DANS LA FOI ET DANS LE TEMPS. I- Chap.1- Jean Gailhac

«  La nomination officielle du Père Gailhac à l’aumônerie de l’hôpital central de Béziers est datée du 12 septembre 1828. Elle est ainsi libellée : “Nous  nommons J Gailhac…pour remplir les fonctions liées à ce poste”. A partir de cette date, Jean Gailhac est définitivement aumônier de l’Hôtel Dieu, avec pleins pouvoirs pour remplir sa mission.

… Le zèle qu’il déploie pour accomplir son devoir est tel qu’en novembre 1829, il reçoit un avertissement du Père Bastet : « Prenez la précaution d’en faire moins, de ne pas vous lever la nuit sans nécessité absolue. Dans quelques années, vous sentirez que vous en avez trop fait. »

… En 1832, le choléra s’abat sur la ville et multiplie le nombre de patients hospitalisés. Jean Gailhac n’a plus une minute de repos et finit par être atteint de pleurésie. Malgré des prescriptions médicales strictes, il ne se laisse pas arrêter par la maladie. Peu de temps après, il est à nouveau en service à l’hôpital.

… Une lettre du 7 mars 1832 marque sans aucun doute un moment important et décisif dans l’expérience spirituelle du Père Gailhac. Il réaffirme une fois de plus son choix initial d’être prêtre pour aimer Dieu et conduire les autres à l’aimer, en s’engageant de plus en plus dans son ministère sacerdotal.

Parmi les maladies qui sévissent à l’hôpital, certaines sont la conséquence de la prostitution. Beaucoup de femmes qui en sont atteintes sont soignées dans une salle spéciale. Jean Gailhac est en contact avec ces femmes, et comprend la situation dégradante dans laquelle elles vivent. Durant leur séjour à l’hôpital il les assiste spirituellement et parvient à en convaincre quelques unes de mener une vie différente et même de recevoir les sacrements. Mais une fois guéries et retournées dans leur milieu, la plupart ne persévèrent pas dans leurs résolutions. Ces rechutes   montrent au Père Gailhac que l’aide apportée à l’hôpital n’est  suffisante. Il est ému de compassion pour ces femmes, victimes du contexte social. Les conversations qu’il a eues  avec le père Martin sur le besoin de les secourir lui reviennent certainement à l’esprit. Il faut donc franchir une nouvelle étape afin de trouver une solution à long terme.

Il rêve d’une maison qui permettrait à un groupe plus nombreux de faire l’expérience de l’amour miséricordieux de Dieu et de sentir le désir de vivre toujours à l’image et à l’imitation du Créateur.

 

  1. UN CHEMINEMENT DANS LA FOI ET DANS LE TEMPS-VOL.I-Chap.9 – DES EPREUVES

“La maladie et la mort sont deux facteurs qui, tout au long du gouvernement de Mère Saint Jean, causèrent des difficultés dans l’Institut naissant. Dès les premières entrées, les maladies ou les épidémies viennent frapper à la porte. En 1854, une grande partie de la communauté et des élèves est atteinte du choléra. Bien qu’on ait pris toutes les précautions possibles, la mort de trois orphelines ne peut être évitée. En septembre de la même année, la communauté et de nombreuses élèves sont  atteintes d’une fièvre accompagnée de sueurs froides. Seules deux sœurs, dont Mère Saint-Félix  restent debout : elles doivent soigner les malades jour et nuit. Finalement, Mère Saint-Félix est victime d’un tel épuisement qu’elle mettra deux ans à se rétablir. Du vivant de Mère Saint-Jean, quinze Sœurs du Sacré-Cœur de Marie sont mortes, parmi lesquelles deux novices et trois postulantes. Le décès des sœurs Ste-Marie Eustache, St-Cyprien Froment et St-Stanislas Gibbal, qui faisaient partie du groupe de la première Profession, causent un profond chagrin aux autres membres de la communauté. Mère Sainte-Marie, décède le 6 février 1853, peu de temps après ses vœux : elle s’était distinguée par sa douceur, son humilité et son obéissance. Mère Saint-Cyprien, souffrant d’œdèmes aux jambes et d’autres problèmes de santé, resta active tant qu’elle put marcher. Elle mourut le 4 juillet 1856. Mère Saint-Stanislas, de santé fragile, s’éteignit le 15 décembre 1859. Si la maladie et la mort étaient douloureuses pour la communauté, elles causaient une grande souffrance à Mère Saint-Jean, et sa santé s’en ressentait. »