– Unité France –
Thérèse-Marie Potelle,rscm
Voilà, c’est parti ! Le nouveau tombeau du Père Gailhac et Mère St.Jean est en bonne voie de réalisation. La force, la compétence et le don des tailleurs de pierres sont à l’oeuvre.
Et la Maison-Mère se vide peu à peu. Il y a déjà eu le fastidieux travail de tri des archives et l’importante réflexion sur leur répartition dans leurs nouveaux lieux d’accueil. Maintenant nous ouvrons les armoires et organisons la distribution pour le bonheur des écoles qui nous entourent et des associations sociales de Béziers et des paroisses comme le Secours Catholique, la Cimade. Que nous étions riche de draps, de serviettes, de classeurs, de livres, de vaisselle !! Ils ont servi la vie dans la Maison-Mère , ils vont maintenant aider des familles défavorisées à mieux vivre.
Vider la Maison-Mère pour la laisser partir à d’autres est une expérience humaine et spirituelle de désappropriation qui touche certainement toutes les sœurs de l’Institut et particulièrement les sœurs de l’Unité France et de Béziers. Mes dix années de présence et d’activité dans ce lieu fondateur de la Maison-Mère marque profondément ma vie et vont laisser des traces. C’est pour moi un appel à vivre dans le provisoire. Cela ne signifie pas du tout de se laisser vivre mais d’actualiser sans cesse mon vécu et ma fidélité de façon toujours plus large. C’est pour moi ouvrir deux fenêtres, l’une sur le passé et l’autre sur l’avenir pour laisser ainsi l’air de la vie circuler, se réjouir et dynamiser. Bien sur j’ai gardé les photos comme mémoire des groupes internationaux venant de Londres, d’Arlington, de New York, de Los Angeles, de Paris, de Rome, du Portugal, du Brésil ainsi que la Famille Elargie de Béziers, d’Angleterre et d’Irlande et le groupe des jeunes professe venant de tout l’Institut que j’ai eu la joie d’accueillir au long de ces années. Mais j’ai déchiré les programmes, les interventions, les célébrations, les parcours : ils appartiennent maintenant au passé…. et j’essaie d’accueillir une nouvelle réalité de ma vie au Sacré-Cœur de Marie.
La perspective du provisoire et la continuité dans l’espérance exigent une compréhension nouvelle et nécessaire du Charisme qui me fait vivre. Je dois mieux le comprendre non pas comme une inspiration des fondateurs qui contraindrait à le maintenir en vie à tout prix à travers des murs, des textes, des reliques mais comme un patrimoine à recevoir avec reconnaissance et à transmettre de façon audible pour aujourd’hui. Il me semble qu’il faut commencer à penser en termes de « charisme renouvelable ». Quand je reçois des jeunes parents demandant le baptême pour leur bébé et que je dois leur expliquer par exemple la différence entre une procession et une manifestation revient toujours la question de la transmission de ce qui nous fait vivre dans le contexte de notre présent. Quels parcours historique bâtir pour dépasser la transmission du savoir d’une histoire si édifiante soit-elle ? Quelle expérience faire vivre pour rendre vivant notre charisme dans le contexte du monde qui est le nôtre aujourd’hui en perte de culture religieuse ? Il est très difficile d’imaginer ce que sera une RSCM du futur, à quoi elle ressemblera à la fin du XXIème siècle. Mes choix d’aujourd’hui pour relire, refonder et interpréter la tradition avec d’autres, j’ai à veiller avec attention qu’ils ne soient pas un obstacle à la possibilité d’une vie future.
