Une fondation à célébrer

Posted February 22, 2022

Groupe héritage et Spiritualité – Kathleen Connell, RSCM

En ce mois de février, nous nous souvenons et nous célébrons le 173ème anniversaire de la Fondation des Religieuses du Sacré-Cœur de Marie.  Beaucoup d’entre vous, qui liront cet article, connaissent déjà notre congrégation, nos sources, nos textes et nos traditions. Mais ces 173 années méritent d’être racontées à nouveau. C’est notre histoire « comblée de grâce ».

Les RSCM ont été fondées par un prêtre français, reconnu par l’Eglise comme le Vénérable Jean Gailhac, mais affectueusement appelé “Gailhac” par la famille RSCM. La congrégation est née en France, au milieu du XIXème siècle, le 24 février 1849 plus précisément – l’année de la ruée vers l’or en Californie et l’année qui a suivi la publication du Manifeste Communiste de K.Marx.

Le Père Gailhac, après son ordination à l’âge de vingt-quatre ans, avait été immédiatement sollicité pour un poste d’enseignant de philosophie au séminaire diocésain, mais il avait ressenti un fort appel à servir les pauvres. Aussi, lorsqu’un poste d’aumônier se libère à l’hôpital de Béziers, sa ville natale, il demande à son évêque de l’y envoyer. L'”Hôtel Dieu”, comme on l’appelait alors, était rempli de pauvres, de malades et, à l’époque de Jean Gailhac, on y soignait même de vieux soldats de l’armée Napoléonienne. Imaginez les salles, les sons et les odeurs d’un hôpital public du milieu du XIXe siècle, avant l’usage des antiseptiques, des anesthésiants et des analgésiques ! La plupart des personnes qui étaient admises dans cet hôpital y mouraient. Pendant vingt et un ans, Gailhac y exerce son ministère – consolant les malades et accompagnant les mourants dans leur Passage à la Vie.            

Dans cet hôpital, un groupe attirait particulièrement l’attention et la compassion du jeune prêtre, celui des femmes qui entraient continuellement à l’hôpital. On les soignait et elles retournaient dans la rue. Quelque temps plus tard, elles y revenaient à nouveau pour être soignées et ressortir, dans un cycle qui semblait sans fin. Ces femmes gagnaient leur vie et, pour la majorité, faisaient vivre leurs enfants en se prostituant. Gailhac, décide de faire quelque chose pour remédier à leur situation : avec son maigre salaire d’aumônier, il paie l’entretien de treize d’entre elles dans un refuge à Montpellier, une grande ville voisine.

Finalement, en 1834, Gailhac crée un Refuge pour femmes (un foyer d’accueil, comme nous l’appellerions aujourd’hui) à Béziers. Elles y trouvent un endroit sûr où elles peuvent commencer à changer de vie et à sortir du cycle du retour à la rue, encouragées par l’assurance de l’amour de Dieu pour elles et renforcées par l’apprentissage d’un autre moyen de subvenir à leurs besoins.  Ainsi, au Refuge, par exemple, ces femmes apprennent la broderie. Elles acquièrent une compétence. 

Gailhac s’est battu pour recruter un encadrement féminin au Refuge. Pendant quelque temps, il emploie un groupe de femmes laïques, puis il essaie de travailler avec trois congrégations religieuses différentes.

Finalement, en 1849, il fonde les Religieuses du Sacré-Cœur de Marie (RSCM) dans ce but – initialement, pour s’occuper du Refuge qui accueillait les anciennes femmes prostituées et pour gérer l’orphelinat dont l’ouverture avait accompagné la fondation du Refuge.  

La communauté fondatrice, celle qui s’est constituée en 1849, était composée de six femmes très différentes les unes des autres : notre fondatrice, M. St Jean Cure Pélissier, une femme de milieu aisé, âgée de quarante ans et récemment veuve. Son mari avait été le meilleur ami de Gailhac. Deux femmes de 23 ans, l’une pupille de son frère avocat et l’autre, femme de chambre à Béziers. Une autre de 33 ans qui avait ouvert et dirigeait un petit internat local. Elle était issue d’une famille d’enseignants. Enfin, deux femmes d’une trentaine d’années, toujours prêtes à aider quand et où on avait besoin d’elles.

Notre communauté a pris racine dans cette diversité. En quelques années, des Irlandaises sont venues les rejoindre, puis des Portugaises, puis des Américaines, des Brésiliennes, des Anglaises, des Italiennes, des Écossaises, des Colombiennes, des Mexicaines, des Africaines et d’autres nationalités. Nous avons toujours apprécié cette diversité. Dans les premières fondations RSCM hors de France, il était d’usage de créer des communautés locales avec des religieuses de toutes les nationalités que comptait l’Institut, et aujourd’hui nous revenons à cet idéal en créant des communautés RSCM interprovinciales et internationales dans le monde entier. Nos Constitutions nous le rappellent : “Insérées dans une diversité de cultures, nous demeurons fidèles au caractère international de l’Institut, don manifeste remontant à nos origines.” (#40)

Les premières femmes qui sont entrées chez les RSCM ont vite découvert qu’elles n’avaient pas les dons pour travailler directement avec d’anciennes femmes prostituées, et cette évidence a conduit Gailhac à repenser et à élargir son objectif pour la fondation de l’Institut. Tout en respectant les contraintes de genre de son époque, Gailhac a exprimé la mission de la Congrégation de la manière la plus large possible – les RSCM étaient fondées pour embrasser TOUTES les œuvres de zèle qui pouvaient contribuer au salut des femmes de TOUTES les classes. Je pense que l’un des mots préférés de Gailhac devait être TOUT – inclusif, large, TOUTES les œuvres de zèle, TOUTES les classes de la société, dans la mesure où les besoins étaient reconnus et où les sœurs avaient les dons pour répondre à ces besoins.   

Il n’est donc pas surprenant qu’en 1851, un pensionnat ait été créé à la Maison Mère de Béziers, notre première école. Il y avait un besoin certain, dans la société française, pour l’éducation des filles et des jeunes femmes. Les lois étaient très favorables à l’établissement de telles écoles, et l’Eglise tenait beaucoup à ce que l’éducation donnée aux filles et aux jeunes femmes soit catholique. C’est ainsi qu’un internat s’est développé, principalement pour les jeunes filles françaises de la classe moyenne, néanmoins international dès le début. Des élèves d’Espagne se sont inscrites dans ce premier internat et très vite, la directrice, comme dans beaucoup d’autres œuvres, fut irlandaise.

Sur le terrain de la “maison mère”, un grand bâtiment comportant plusieurs ailes et cours, il y avait le pensionnat, mais aussi le refuge transformé, dont l’objectif était maintenant plus préventif. Il hébergeait des adolescentes qui auraient basculé dans la prostitution si elles n’avaient pas bénéficié d’une attention particulière. On l’appelait la Préservation. Sur le même terrain, se trouvait aussi l’orphelinat pour les enfants pauvres, et à côté, un petit dispensaire pour les besoins médicaux des personnes pauvres de Béziers. La communauté religieuse vivait au milieu de ces groupes. 

C’était très important pour le Père Jean Gailhac que les besoins de toutes les classes soient pris en compte et en quelque sorte liés. Les frais de scolarité de l’internat soutenaient la Préservation et l’orphelinat. Les mêmes sœurs qui enseignaient au pensionnat travaillaient à la Préservation ou à l’orphelinat, faisant le lien entre les trois œuvres, donnant l’exemple de relations justes et témoignant du fait que la dignité de tous était reconnue.

Ce qui unifiait ces œuvres diverses auprès de toutes les classes de la société c’était la vision de foi de notre fondateur. Il insistait qu’en dépit de la diversité de toutes les activités, il n’y avait qu’une seule ŒUVRE – l’œuvre de rédemption, et que les sœurs partageaient la mission de Jésus-Christ de donner la vie. De cette vision découle la devise des RSCM, écrite en latin sur la croix que portent les sœurs, Ut Vitam Habeant, mission définie avec les mots même de Jésus : “Je suis venu pour qu’ils (TOUS) aient la VIE”. (Jn 10 :10)

Graphisme de Sr Thérèse Glass RSCM

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