Héritage et Spiritualité
Marie France Correau-RSCM
Pendant le temps pascal, l’Eglise nous donne à méditer au 4ième dimanche, Jésus le Bon Pasteur. Nous savons combien cette figure est centrale dans la spiritualité de notre fondateur, le Père Jean Gailhac. Il écrit dans une de ses conférences : « C’est toujours avec un nouveau sentiment de bonheur que, tous les ans, nous entendons le Sauveur Jésus répétant ce nom qu’il s’est donné à lui-même : je suis le Bon Pasteur. Ce doux nom n’inspire ni crainte ni préoccupation. Il n’inspire que la confiance et l’amour ».
Très jeune, Jean Gailhac s’est mis sous la houlette de Celui qui est son seul Pasteur, son maître à penser et à aimer, son maître à vivre : « Je n’ai consenti à être prêtre qu’à condition de vivre pour l’aimer et le faire aimer » *. A la suite de Jésus et comme Lui, il n’aura de cesse de faire éclore la vie, d’encourager les personnes pour qu’elles existent pleinement, pour qu’elles « entrent et sortent et trouvent de quoi se nourrir » (Jn 10,9) surtout les plus faibles, les plus abandonnés.
Nous connaissons les premiers engagements du jeune prêtre à l’Hôtel Dieu de Béziers et sa décision d’ouvrir en 1834 un Refuge pour les femmes venues de la prostitution. Cette maison portera le nom de Bon Pasteur et Sr Rosa do Carmo la qualifie de Berceau du nouvel Institut**. En effet quand Jean Gailhac, encouragé par son évêque, décidera de fonder la Congrégation des Religieuses du Sacré Cœur de Marie pour prendre la responsabilité du Refuge, c’est le 13 avril 1850, en la vigile du Bon Pasteur, que les premières sœurs recevront l’habit de ses mains. Ce jour-là, un de ses amis prêtre prononce l’homélie et expose clairement l’esprit de l’Institut dans ses traits fondamentaux : « coopérer pour sauver le monde en suivant dans la foi Jésus Christ le Bon Pasteur ; en continuant la mission de Jésus Christ, comme Lui, faire du bien à tous, n’épargnant pas les sacrifices, cherchant toujours ceux qui ont le plus besoin d’aide. Donner sa vie pour que tous aient accès à la vraie vie. » *** Les sœurs prononceront leurs vœux le 4 mai 1851, dimanche du Bon Pasteur.
Le Père Gailhac veut que la communauté qu’il vient de fonder soit assistée par des prêtres qui partagent le même esprit. Il va donc
fonder en même temps la Congrégation des Prêtres du Bon Pasteur : « Ce nom doit leur dire ce que doit être leur zèle, leur dévouement à la Gloire de Dieu, au salut des âmes ; en un mot, ce nom doit leur rappeler sans cesse l’objet de leur vocation. »
**** Dans le volume 1 Un cheminement dans la foi et dans le temps, Sr Rosa do Carmo Sampaio consacre un chapitre aux Prêtres du Bon Pasteur. Elle y décrit la vie et les missions qui furent confiées à cette congrégation qui ne compta qu’un nombre restreint de membres, mais dont le ministère « apporta un grand soutien à l’Institut su Sacré Cœur de Marie sous le généralat de Mère St Jean ».
Il reste encore à Béziers la chapelle du Bon Pasteur dont le Père Gailhac avait désiré la construction dans la maison conventuelle des prêtres. Inaugurée le 18 avril 1863, veille de la fête de Bon Pasteur, elle est maintenant propriété de la ville*****. Son abside surplombe le jardin de la communauté RSCM qui réside au 6 rue du Bon Pasteur. La fenêtre centrale de cette abside abrite, intact, un vitrail peint à l’effigie du Bon Pasteur portant la brebis égarée sur ses épaules (voir photo) …rappel en image d’une Parole qui me fait vivre, qui me questionne et m’évangélise, une Parole que nous avons reçue pour en devenir les disciples-missionnaires là où nous vivons : « Je suis venu pour que tous aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ». (Jn 10,10)
*GS/28/VIII/78/A
** Un Cheminement dans la foi et dans le temps Vol.1 p33
*** Supra p90-92
****Livre Maymard (prêtre du Bon Pasteur) Ch VII p 198
*****Voir site internet : Chapelle Bon Pasteur Béziers -Pastorale Tourisme et Loisirs Diocèse de Montpellier
