Sr Marie France Correau – Héritage et Spiritualité
Anabela Costa – Archiviste, Unité Portugal
Pour participer à l’hommage mondial que cette journée veut rendre au livre et à ses auteurs, nous avons eu envie d’aller à la découverte de la bibliothèque du Vénérable Père Gailhac. Nous avons choisi de vous présenter un des ouvrages qu’elle renferme et d’évoquer son impact chez le fondateur des Religieuses du Sacré Cœur de Marie.
Quand le Père Gailhac a découvert Saint François de Sales
Quand le livre parle…
Avec des ouvrages imprimés entre 1665 et 1889, l’exemplaire de Introduction à la vie dévote de la bibliothèque du Vénérable Père Jean Gailhac (1802-1890) est l’un des ouvrages les plus récents qui s’y trouve. Rédigé par Saint François de Sales (1567-1622), il s’agit d’une édition corrigée par A.M.D.G. (encore) inconnu, édité en Avignon (France) par le libraire Mouriès Aîné et imprimé dans l’atelier de Jacquet en 1834.
Il s’agit d’une édition en français, paginée en chiffres arabes et structurée en 5 parties/livres et 120 chapitres. Cette édition présente également le “sentiment” du Pape Alexandre VII (1599-1667), l’“oraison dédicatoire” et la “préface” de l’auteur, ainsi que la “manière de réciter dévotement le Chapelet”, la “prière de l’Église pour la fête de Saint François de Sales” et la “table des chapitres”.
Le texte, imprimé sur un papier sans filigrane, est écrit en caractères romains de 34 lignes avec des revendications en fin de page (mot ou partie de mot à droite qui se répète en début de page suivante) réparties sur 33 cahiers avec signature numérique de 1 à 32, à l’exception du premier qui présente la lettre “a” comme signature (image 2).
La reliure est d’origine, à plans cartonnés, entièrement recouverts de cuir, avec décor uniquement sur le dos où, gravés au fer doré, sont présentés le titre et 5 vignettes aux motifs végétaux stylisés (image 3). L’intérieur est doublé de papier marbré, également utilisé sur les pages de garde.
Bien qu’harmonieux, cet exemplaire de la bibliothèque de notre fondateur est assez simple et sans prétention, ne comportant pas d’initiales capitulaires et ayant pour seul décor des vignettes aux motifs floraux stylisés indicatifs des parties/livres et chapitres qui, à leur tour, sont présentés avec des titres en majuscules noires. Le décor est complété par une gravure de motifs végétaux présents sur le frontispice et de petits médaillons également à motifs floraux qui comblent le vide du texte, une réminiscence à «l’horreur du vide» des manuscrits médiévaux.
A noter l’absence de notes manuscrites, à savoir : marges, signatures, marques de propriété, ex-libris, et super-libros.
… l’Œuvre inspire
Le 28 décembre dernier, l’Eglise célébrait le 400ième anniversaire de la mort de Saint François de Sales, évêque et docteur de l’Eglise. Celui qu’on surnomme parfois: l’apôtre de la douceur, a rédigé Introduction à la vie dévote, ouvrage qui vous est présenté ci-dessus.
Le Vénérable Père Gailhac, accompagnateur spirituel, s’est nourri de cet écrit et partageait la prédilection du Saint évêque pour «les deux chères et bien aimées vertus qui reluisaient en la personne de notre Seigneur, lesquelles il nous a recommandées, comme si par elles notre cœur devait être spécialement consacré à son service et appliqué à son imitation: Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur (Mat 11,29). L’humilité nous perfectionne envers Dieu et la douceur envers le prochain *»A la fondation de l’Institut, quand il entreprend la formation de Mère Saint Jean, notre fondateur lui demande de s’identifier à Jésus doux et humble de cœur: «Mon enfant écoutez, Jésus Christ notre Seigneur sera votre modèle. Jésus Christ commence par faire, puis par enseigner…Ma fille travaillera donc d’abord à conserver une grande égalité d’humeur en toutes circonstances, avec toutes sortes de personnes, se rappelant cette parole du Sauveur: «Apprenez de moi à être doux et humble de cœur. » (Lettre du 6 septembre 1849).
Il ne s’agit pas seulement d’une maîtrise de surface mais bien d’une transformation en profondeur: apprendre de Jésus, le laisser «imprimer tous ses traits, toute sa ressemblance» en nos cœurs. Et pour le Vénérable Jean Gailhac, la douceur est le «trait» divin par excellence. «Elle est l’épanouissement de toutes les vertus.» **
C’est ainsi qu’il la décrit longuement dans une lettre à ses «chères filles» en date du 10 octobre 1881:«En elle se trouve la force et la puissance de l’Evangile… c’est par la vraie douceur que les Apôtres ont converti le monde.» Le Vénérable Jean Gailhac, apôtre infatigable, la laissera s’exprimer dans ses réponses, pleines d’encouragements, aux sœurs qui lui écrivaient pour confier leurs difficultés et leurs faiblesses.
Comme il le faisait hier pour elles, il nous invite encore aujourd’hui à la demander à Dieu dans la prière: «O Dieu! Douceur infinie, achevez en nous votre image… Seigneur donnez-nous votre douceur, celle de Jésus Christ… nous ne nous en servirons que pour votre gloire.»
*Introduction à la vie dévote – 3ème partie, chapitre 8
** La Vie religieuse TRP Jean GAILHAC, chapitre VII
